Wàhl 2020 – les programmes pour la langue et la culture régionale

Fin 2019, nous avions engagé une vaste consultation de nos membres et sympathisants,  en vue de recueillir des propositions d’actions susceptibles de s’inscrire, notamment sur Mulhouse,  dans un projet politique volontaire de valorisation  et de promotion de la langue et de la culture régionales.

Les propositions recueillis, examinées, débattues et amendées au sein de l’équipe de «Schick Süd Elsàss/Culture et bilinguisme», ont permis de formuler un programme global, ambitieux et cohérent, étayées sur 44 propositions d’actions concrètes en faveur de la langue et de la culture régionales, histoire de parer à la menace de folklorisation qui les guette et d’engager un nouveau cercle vertueux.

Ces propositions  ont été transmises aux différentes listes en compétition à Mulhouse en début d’année 2020.

Quel bilan à la lecture des différents programmes des listes mulhousiennes ?

A n’en point douter, la démarche de Schick a influencé  l’écriture des différents programmes, puisqu’on retrouve la thématique, « langue et culture régionale », plus ou moins en exergue,  dans pratiquement tous ces programmes et nombre de propositions de l’association Schick les émaillent ou ont pu inspirer certaines actions retenues.

Une petite analyse synthétique des actions apparaissant dans les  différents programmes à cet égard, sachant que dans la cadre de réponses directes à l’association, les différents candidats ont témoigné et assuré l’association de leur engagement global et fort en faveur de cette thématique stratégique pour l’avenir de Mulhouse.

D’un point de vue formel, relevons tout d’abord que Fatima Jenn (« Osons Mulhouse ») a produit une version allemande exhaustive de son programme. Par ailleurs Lara Million (« Mulhouse en vrai ») et Loic Minery (« Mulhouse, cause commune ») affichent quelques lignes en alsacien dans leurs programmes respectifs, « Milhüsa, gmeinsàma Sàch, mir wann unsra Stàdt Atem gah » (traduction du slogan de la liste) pour Loic Minery et un plein paragraphe pour Lara Million : « Mìt’m a gwìdmeta Verwàltung un a speziella Adjoint (…)  kenne-n-Ihr sìcher se, dàss unsera elsassicha Identität entwìckelt un beteidigt wìrd, will’s nämlig d’Schlìssel fìr unserer Züakunft ìm Dreyeckland un ìn Europa ìsch ».

 Au niveau institutionnel

 Tant Lara Million (Mulhouse en vrai) que Christelle Ritz (« Rassemblement pour Mulhouse ») évoquent dans leur programme la nomination d’un adjoint délégué à la langue et culture régionale, corroboré d’une  administration dédiée pour Lara Million.

 La question linguistique

Pratiquement toutes les listes proposent peu ou prou de mieux valoriser la position éminemment stratégique de Mulhouse dans son « environnement rhénan » et d’exploiter son potentiel linguistique particulier. La liste « J’aime Mulhouse », de Romain Spinali, ambitionne de « sublimer Mulhouse au cœur de l’Alsace et de faire de ses identités et de sa diversité, une force » et d’ériger  Mulhouse au rang de  « ville bilingue français/allemand ».  Pour Fatima Jenn (« Osons Mulhouse »), il s’agit de « faire passer Mulhouse, du statut de ville aux 139 nationalités, à celui de « ville des langues », tournée vers l’ouverture et l’échange. A cette fin, Mulhouse doit mieux développer le bilinguisme français-allemand dès la maternelle, et l’apprentissage  plus global des langues, pour tisser des liens étroits avec nos voisins suisses et allemands ». Fatima Jenn (« Osons Mulhouse ») prévoit également d’encourager des séjours d’immersion linguistique avec des classes des villes allemandes voisines. Globalement, elle affiche l’ambition d’élever le niveau quantitatif de l’alsacien  et de l’allemand. A cet égard, si pour Lara Million (« Mulhouse en vrai »), il convient de « développer la filière bilingue de la maternelle au lycée »,  Michèle Lutz (« Mulhouse en grand ») évoque un choix entre le bilingue alsacien/allemand ou l’ anglais. Christelle Ritz (« Rassemblement pour Mulhouse ») évoque prosaïquement la « promotion du bilinguisme ».  Enfin, Loïc Minery (« Mulhouse, cause commune »), plaide en faveur de la « défense de l’alsacien et de l’allemand, comme langues régionales d’ouverture ». Enfin, autre proposition de Schick,  Fatima Jenn suggère de renouer avec la tradition mulhousienne du « Schwörtag », au cours de laquelle les édiles mulhousiens de l’ancienne « république libre de Mülhausen » prêtaient serment d’œuvrer exclusivement en faveur de l’intérêt général de la ville. Pour Fatima Jenn (« Osons Mulhouse »), soulignons qu’il importe également de favoriser l’apprentissage de l’alsacien pour le personnel des maisons de retraite.

 Autres pistes d’actions retenues en faveur de la langue et de la culture régionale.

Loic Minery (« Mulhouse, cause commune »), reprend l’idée de Schick d’organiser un « festival inter-alémanique », adossé à un « véritable festival des cultures du monde ». Lara Million (« Mulhouse en vrai »), propose également d’organiser un « évènement marquant sur l’histoire alsacienne » et de « créer (autre proposition de Schick) un prix de la ville de Mulhouse qui distingue des actions citoyennes en faveur de la langue et culture régionales ». Fatima Jenn (« Osons Mulhouse ») propose d’organiser un « festival du film transfrontalier » , ceci afin de créer des échanges et des passerelles culturelles avec l’Allemagne et la Suisse» et d’ériger en « maison de Mulhouse », la maison du patrimoine au cœur du centre historique de la ville. Idée quelque peu convergente de la suggestion de  Schick de créer « un lieu d’Alsace » spécifique. Michèle Lutz (« Mulhouse en grand ») préconise de soutenir la création et le patrimoine alsaciens en ouvrant un centre de ressources culturel alsacien, d’organiser un festival alsacien du costume et de développer la signalétique (bilingue) pour les espaces publics et les bâtiments municipaux ». Il est notamment question à cet égard dans le programme de Michèle Lutz (« Mulhouse en grand ») d’au moins 100 nouvelles rues bilingues au cours de la prochaine mandature. Enfin, Lara Million (« Mulhouse en vrai ») insiste sur la nécessité de « conforter les cultures populaires (théâtres alsacien et carnaval) et « d’installer dans chaque bibliothèque/médiathèque, un espace consacré à la langue et à la culture régionales ».  Enfin globalement pour Romain Spinali (« J’aime Mulhouse »), il convient de développer  les projets qui renforcent le caractère alsacien et singulier de Mulhouse et il évoque à cet égard l’idée de proposer, pour sensibiliser les Mulhousiens,  un « Rucksack » de 50 mots de base en alsacien.