Mulhouse, la deuxième ville d’Alsace, est-elle pour autant une ville typiquement « alsacienne»? Une histoire singulière, un environnement géopolitique rhénan, une arrivée tardive dans le giron national français (1798), une ville depuis des siècles «d’immigration de diverses origines», qui compte aujourd’hui 136 nationalités, une ville (presque) sans colombages, où les multiples restaurants ethniques le disputent aux (rares) Winstub ; « cherchez l’Alsace», entendre l’alsacien à Mulhouse semble relever en 2021 de la gageure. Or, la langue et la culture régionales sont bien présentes à Mulhouse, même si elles tendent à se tapir dans certaines niches : une densité importante de plaques bilingues, de nombreuses inscriptions en allemand et en alsacien dans l’espace public, quatre théâtres alsaciens, le satirique cabaret du «Herra Owe», des évènements culturels alsaciens forts, portés par des associations dynamiques ( par exemple le «Schweissdissi Tàg» de la Schweidissi Confrérie Mìlhüsa), un réseau important d’écoles bilingues qui concerne environ 15% des élèves mulhousiens du premier cycle, une école associative ABCM (Regioschule) qui propose un cursus immersif en langue régionale, le nom «Mìlhüsa» devenu une marque d’identification forte pour les sportifs mulhousiens, la langue et culture alsaciennes sont aujourd’hui bien «présentes» à Mulhouse. Ont-elles pour autant un avenir prometteur ? La question est posée. Le dossier «spécial Mulhouse» de notre revue, par un effort d’analyse de la situation et des enjeux, en donnant la parole à une riche palette de «Mìlhüser Wàckes»; acteurs politiques, économiques, associatifs, citoyens de Mulhouse (et au-delà), vont tenter d’apporter des éléments de réponses à cette épineuse question. Venez avec nous découvrir les dessous de cette attachante cité.
Patrick Hell
Auteur Schick