Àn a 1989 ìsch Elsassisch ìsch nìt « chic » ìn Mìlhüsa un der ditscha Unterrìcht ìn da Schüala hippert …
Jean-Marie Bockel est le 1er maire alsacien à charger un élu de la « langue et culture régionales » ,une délégation que l’on retrouve aujourd’hui en Alsace sous des dénominations comme bilinguisme , transfrontalier etc ….
Un projet
« A Sproch wu labt ìsch a Sproch wu ma seht, wu ma hehrt, wu ma ehrt un wu ma lehra kàt. »
Des réalisations, parmi d’autres, … qui se projettent :
A Sproch un a Kültür wu ma seht :
- La mise en place de plaques de rues bilingues était aussi évidente qu’inexistante en Alsace .. Il y a eu peu d’opposition au Conseil Municipal étant donnée la forme de « sous-titrage en alsacien » ( la formule choisie par le maire ) entrainant des caractères plus petits que le français . Trop cependant pour certains Mulhousiens, qui se sont empressés de remplir les pages de la presse régionale de protestations, le lendemain de la prestigieuse inauguration de la 1ère plaque « Wìldemànnsgàss » en 1991 par les maires de Strasbourg et Mulhouse ………….
Nous en sommes aujourd’hui à 280 rues bilingues, grâce au travail de Patrick Hell .
- La page bilingue « langue et culture régionale « dans le journal municipal a publié bientôt une BD en alsacien réalisée par un étudiant d’origine turque de l’actuelle HEAR , avec les enfants de la maternelle « rue de Strasbourg » et sa militante directrice. Cette page a résisté longtemps aux divers changements de politique éditoriale, mais pour le moment les « communicants » ont eu la peau du bilinguisme dans les publications ….
- Les cortèges de Noël ont fait défiler les personnages du Noël alsacien dans les rues sur une idée de Huguette Durr. Ils se sont réfugiés au Temple St Etienne pour une veillée de Noël bilingue, pour et par les enfants …
A Sproch wu ma hehrt :
- Faire des discours en alsacien était bien entendu incongru et faisait pâlir élus et fonctionnaires. Parler alsacien lors des mariages était plus risqué par rapport à la loi française , mais bon, l’aventure c’est l’aventure…
- L’alsacien a été entendu par les enfants des écoles pendant de longues années, à l’occasion des représentations scolaires du Marla (conte de Noël en alsacien) du TAM (théâtre alsacien de Mulhouse). Une folie rendue possible grâce à Jean-Marc Metz (conseiller pédagogique) et feu François Frey (Inspecteur de l’ Education Nationale), abandonnée hélas par le TAM alors que l’enseignement bilingue se développait.
Au moment où l’alsacien trouve sa place à l’ école, de telles initiatives seraient à reprendre avec bonheur ….
A Sproch wu ma ehrt.
De la semaine consacrée à Nathan Katz en 1991 au spectacle professionnel alsacien /français à la Filature « Toni » reflétant l’œuvre de Tony Troxler en 1998, en passant par les Dìchter Owa bilingues à la bibliothèque jusqu’à « Hìnter’m Spiegel » sur les chansons de Tony Troxler en 2018 , toujours avec et grâce à Daniel Muringer ….. la littérature alsacienne est honorée à Mulhouse.
A Sproch wu ma lehra kàt
- Les 1ers efforts ont concerné les « 3 heures d’allemand » : extension partout de la maternelle au CM2, renouveau du matériel pédagogique etc…
- Dès 1990 la volonté de mettre en place l’enseignement bilingue français/langue régionale comme dans les autres régions de France , s’est imposée. Avec Fred Urban, Richard Weiss, Henri Goetschy et Patrick Kleinclaus nous sommes allés rapidement partout écouter et voir. Richard et ABCM ont été pionniers. En 1991, à Mulhouse, le colloque « le bilinguisme français/allemand, une chance pour les enfants d’ Alsace » a sifflé le départ de l’enseignement bilingue dans le cadre de l’Education Nationale . Le choix de la forme normée de la langue régionale (Hochdeutsch) a eu l’approbation de tous : élus, éducation nationale, parents… Choix considéré aujourd ‘hui comme assassin de l’alsacien … mais je n’ai personnellement vu aucune campagne de presse, déclaration d’ »intellectuels » ou manifestation réclamant à cor et à cris l’alsacien à la place du Hochdeutsch…
- Le développement à Mulhouse n’en a pas moins été laborieux . À l’accusation d’empêcher les enfants ayant une langue maternelle autre que le Français d’ acquérir la langue nationale, il a fallu répondre en acceptant le démarrage à 4 ans , pour permettre à tous un an d’ « immersion » en français (tiens donc …) . L’accès à cet enseignement est barré pour ces enfants, alors que les dérogations pour l’ enseignement bilingue sont refusées pour cause d’ élitisme , d’évitement … . Néanmoins une 1ère moyenne section bilingue est ouverte en 1993 grâce à François Frey, à la maternelle qui porte son nom et la filière est organisée sur toute la ville. Nous sommes loin de la voie royale offerte à l’enseignement bilingue français /anglais, lui non élitiste et sans danger …
- Avec le doyen Yann Kerdiles et Edgar Zeidler, j’ai utilisé ma fonction d’ajointe chargée de l’ Université pour introduire à l UHA une option d’enseignement de l’alsacien pour tous les étudiants , toujours en place…. Au moment de la possibilité d’un enseignement de l’alsacien à l’école, l’université est plus nécessaire que jamais…
Les écueils
- Le mépris pour l’alsacien, dû à l’histoire de la ville, qui le considère comme langue de l’ouvrier, pauvre, vulgaire et faite pour rire.
- L’accusation d’exclusion : bizarrement dans cette cette ville où tant de cultures se côtoient et tant de langues sont entendues dans la rue, l’alsacien « exclut ». Les oreilles de chaque habitant ne sont pas écorchées par la langue de chaque autre, mais toutes sont écorchées par l’alsacien… Au lieu de voir la langue et la culture régionale comme un dénominateur commun accessible à tous et facteur d’appartenance à une ville singulière , elle est considérée comme excluante , voir discriminante… Question de point de vue …
Il me semble que tout élu chargé de ce dossier à Mulhouse est tiraillé entre d’une part les « jacobins » et les tenants d ’un « multilinguisme et multiculturalisme » dont la langue régionale serait l’ennemi ( ?) , qui le tolèrent à condition d’avancer « prudemment », et d’autre part les militants ou opposants politiques qui lui reprochent de ne pas en faire assez …
Une pensée pour Henri Goetschy qui, voyant l’inconfort de la situation, se moquait de moi en me qualifiant de « martyre du bilinguisme », faisant rire tout le monde dans cette aventure pas toujours marrante. Il ajoutait « ìmmer Kopf hoch « !
… un los … pour la suite et , comme l’anglais est plus chic , let’s try our best !
Evelyne Troxler
Auteur Schick